Mardi, j’ai appris le décès d’’une copine de Victor, Amandine … Cela a été un véritable choc pour moi … Comme Victor, elle était rayonnante …

Depuis, je me sens remuée, évidemment.

Chamboulée car c’est dur de me dire que ses parents vont avoir à vivre ce que nous avons vécu, à leur façon bien sûr : l’absence physique, le retrait du matériel, ne plus devoir se presser pour rentrer du travail pour relayer l’auxiliaire de vie, et tant d’autres choses encore … Quand nos loulous extraordinaires s’éteignent, leur présence nous manque terriblement et il y a aussi tout le système quotidien qui s’effondre car bien souvent, il est conditionné par eux … Il y a alors tout à construire …

Nous faisons désormais partie du même club et franchement, je préférais celui des « Magicmamans d’enfants différents du 44 » …

Chamboulée car mon mental ne peut s’empêcher de se projeter 32 mois en arrière … Pas tout le temps, surtout le matin et le soir. Hier soir et ce matin sont particulièrement difficiles pour moi car aujourd’hui c’est la célébration de vie d’Amandine, le dernier au revoir … Inévitablement, je revis mes dernières heures auprès du corps de mon poussin alors que j’essaie de cloisonner.

Mais voilà, nos enfants étaient liés, ils ont été dans la même école, nous avons fait des sorties ensemble et il y a aussi des liens surprenants : j’avais oublié que nous leur avions donné la chaise de douche de Victor quand nous avions reçu le lit douche. Et hier soir, première fois que nous échangeons vraiment depuis mardi, ma copine me dit « nous pensons donner le siège de douche de Victor et d’Amandine » puis « cela a toujours été pour nous le siège de douche de Victor » …

C’est fou l’impact que ces 2 phrases ont eu sur moi ! Ce n’est que du matériel et pourtant c’est tellement symbolique ! Mon loulou est resté dans leurs pensées tout ce temps … Ce siège marque encore son passage parmi nous … Tout cela est surprenant à vivre pour moi ! En voulant être présente pour ma copine, c’est elle qui m’a fait un cadeau sans le savoir … Gratitude

J’ai fait le choix de ne pas aller à la cérémonie car c’est trop dur pour moi, c’est au dessus de mes forces. J’espère que cela évoluera avec le temps mais, pour le moment, c’est là où j’en suis et c’est OK. Je célèbre le fait de m’être écoutée et honorée dans mes besoins. J’ai pesé le pour et le contre car je sais à quel point on a besoin d’être soutenus dans un tel moment : cela a été déterminant pour moi lors du décès de mon grand. Et justement, je n’aurais pas pu être présente d’une façon juste pour ces parents car trop prise par mes propres émotions. J’ai choisi d’aller les voir plus tard car, personnellement, cela a été compliqué pour moi les jours, les semaines qui ont suivi : chacun avait repris sa vie, en toute logique, et la solitude était grande, le vide immense. J’ai donc expliqué tout cela à ma copine et c’est OK pour nous deux.

Ceci m’amène à la chose suivante : je sais que certains ont peur de ne pas trouver les mots justes lors d’un décès, de ne pas savoir comment se comporter et donc ils restent figés. D’autres, au contraire, essaient du mieux qu’ils peuvent de réconforter la personne endeuillée, même maladroitement parfois. Ce n’est ni bien ni mal, aucun jugement car chacun compose avec cette période spéciale qui vient réveiller en chacun de nous des croyances, des peurs, des émotions intenses …

Ma fille, hier soir, me disait « franchement, demander « comment tu vas ? », cela n’a pas de sens car forcément, cela ne va pas. A mon amie qui a perdu sa mamie mardi, je lui ai juste dit que j’étais là pour elle ».

Du haut de ses 14 ans, elle a tout compris, je trouve. Sans doute parce qu’elle a expérimenté le deuil …

Il y a plein de choses possibles pour réconforter, être présent pour une personne endeuillée :

      La prendre dans ses bras ou faire un petit geste (une main sur l’épaule) si elle est OK

      Lui envoyer un message, juste avec un cœur ou un bisou par exemple

      Lui envoyer un message en disant qu’on pense fort à elle

Tout cela parait simple mais c’est tellement efficace et réconfortant à recevoir ! Ni trop ni pas assez …

Pour aller plus loin, je vous propose une formulation puissante : si vous vous sentez impuissant(e ), que vous avez peur d’être indélicat(e ), dites-le.

Puis demandez à la personne de quoi elle a besoin ou envie. Et ça, cela peut changer d’un jour à l’autre, même d’une heure à l’autre … On peut avoir envie de silence, de rester seul(e ) ou au contraire, d’avoir quelqu’un à nos côtés, même silencieusement ou encore de parler de tout autre chose. Personnellement, je suis passée par tous ces états !

Avec cette question, vous ne projetterez pas vos propres émotions, votre propre vécu sur l’autre, vous n’empièterez pas sur son espace, vous n’aurez pas à trouver des solutions : vous serez dans une posture juste pour vous deux.

Si la personne ne sait pas de quoi elle a besoin ou envie parce qu’elle est trop submergée, dans le brouillard de par le contexte, c’est OK, dites-lui que vous êtes là …

Faites les choses avec votre cœur : cela rayonnera, cela donnera une magnifique intention à vos paroles et gestes …

Il y a bien sûr plein d’autres façons d’être présent(e ) auprès de personnes endeuillées, vous avez certainement vos propres « astuces » … Si vous-même avez été dans la position de la personne endeuillée, qu’est-ce qui vous a fait du bien ?

A 2 minutes de la cérémonie, je suis en pensées auprès de la famille d’Amandine et je souhaite à l’âme de cette dernière un beau voyage vers la lumière

A toutes les personnes qui ont vécu un deuil ou qui s’apprêtent à en vivre un, je vous envoie plein d’Amour et de Lumière

La vie ne s’arrête pas, elle continue autrement. Elle peut être belle, si on s’autorise à la vivre ainsi, avec le temps